Un traitement précoce de la sténose aortique sévère asymptomatique pourrait sauver des vies

La sténose aortique est la maladie valvulaire la plus courante au Canada. Elle touche jusqu’à 3 % des personnes âgées de 65 ans et plus. La sténose aortique est le durcissement ou le rétrécissement de la valve aortique, à travers laquelle le sang circule plus difficilement vers le reste du corps.

À l’heure actuelle, il n’existe aucun médicament pouvant ralentir la progression de cette maladie. Le seul traitement consiste à remplacer la valve malade, soit par chirurgie à cœur ouvert (appelée SAVR ou chirurgie de remplacement valvulaire aortique [RVA]), soit par une intervention moins effractive – comme le remplacement valvulaire aortique percutané ou par cathéter (TAVR) et l’implantation valvulaire aortique percutanée ou par cathéter (TAVI).

Plusieurs personnes atteintes de sténose aortique sévère ne présentent initialement pas de symptômes. Toutefois, dès que ceux-ci apparaissent, le risque de complications augmente, rendant une intervention rapide essentielle à la survie des patients.

La grande question : Quand devrait-on offrir le traitement?

Si vous avez une sténose aortique sévère sans symptômes, votre cardiologue vous a sans doute recommandé des examens réguliers pour en surveiller la progression. Le traitement (SAVR ou TAVR/TAVI) n’est généralement pas offert tant que vous ne répondez pas à certains critères.

Cette stratégie de « surveillance active » peut représenter un défi pour les médecins, qui doivent peser le risque d’une intervention prématurée contre celui d’une intervention tardive. Il est très important d’informer votre équipe de soins de tout nouveau symptôme, comme l’essoufflement, la toux, les douleurs thoraciques, les évanouissements, les palpitations et la diminution de votre tolérance à l’effort.

Utilisez notre outil de suivi des symptômes pour noter les changements de votre état de santé.

De nouvelles perspectives s’ouvrent grâce à la recherche

Des études récentes remettent en question l’approche traditionnelle consistant à retarder le traitement de la sténose aortique jusqu’à ce que la maladie devienne sévère et que les symptômes apparaissent. Elles semblent indiquer que le traitement précoce de certains patients, avant l’apparition des symptômes, pourrait réduire le risque de décès et prévenir l’insuffisance cardiaque. Ces études sont les suivantes :

  • RECOVERY : L’équipe de recherche a comparé la chirurgie à cœur ouvert (SAVR) précoce et la surveillance active chez les patients présentant une sténose aortique très sévère sans symptômes (asymptomatique).

  • AVATAR : On a évalué les résultats du SAVR précoce et de la surveillance active chez des patients atteints d’une sténose aortique sévère asymptomatique.

  • EVOLVED : Les chercheurs ont examiné si l’imagerie et l’analyse sanguine peuvent éclairer la décision de prescrire un traitement précoce (SAVR ou TAVR, remplacement valvulaire aortique percutané) de la sténose aortique sévère asymptomatique chez les patients présentant des signes de cicatrices sur le cœur (fibrose cardiaque).

  • EARLY TAVR On a comparé le TAVR et la surveillance active chez les patients atteints de sténose aortique sévère asymptomatique.

Ce que cela veut dire pour les patients

Le Dr Philippe Pibarot, membre du conseil d’administration d’Une voix aux maladies valvulaires Canada et éminent spécialiste de ces maladies, affirme que la recherche met en évidence trois points clés :

  1. Une intervention précoce peut être avantageuse – pour certains patients. Les études RECOVERY, AVATAR et EARLY TAVR montrent qu’un traitement précoce réduit les hospitalisations et les décès causés par l’insuffisance cardiaque chez certains patients atteints de sténose aortique – notamment ceux dont le stade de la maladie est avancé et qui présente un faible risque chirurgical.

  2. Une sélection minutieuse des patients est essentielle. L’intervention précoce n’est pas bénéfique pour tous les patients atteints de sténose sévère asymptomatique. L’étude EVOLVED, par exemple, n’a pas montré d’avantages clairs pour certains patients, surtout ceux présentant une fibrose cardiaque. Il faut de meilleurs outils pour savoir quels patients sont les plus vulnérables à la maladie (à risque élevé) et ont besoin d’une intervention précoce.

  3. Une prise de décision au cas par cas est importante. Jusqu’à ce qu’il y ait des lignes directrices plus claires, la décision relative au traitement doit être basée sur la gravité de la maladie valvulaire, les résultats des examens médicaux, le risque personnel et les priorités des patients. La prise de décision partagée entre les patients et leur équipe cardiaque reste primordiale pour un traitement adéquat et opportun.

  • Apprenez-en plus sur la sténose aortique.

  • Lisez un résumé détaillé de ces études cliniques qui a été spécialement préparé pour Une voix aux maladies valvulaires Canada.